L'air de rien

 

Cinq ans qu'ils n'ont pas sorti un vrai album. On ne parle pas ici de l' album de remix (One trip/One Noise), compil en tout genre (En route pour la Joie) et autres participations des Noirdez à de multiples expériences aussi diverses qu'intéressantes (albums solo, Black session avec Tiersen...). Cinq ans depuis "666667 club", album toujours en fusion mais déjà annonciateur d'autres univers musicaux explorés par les sombres héros bordelais.

Avec "Des visages des figures" qui débarque mardi, la bande à Cantat extériorise en studio ses voyages physiques (autour de l'axe New-York-Bordeaux-Marrakech) comme ses rencontres avec des gens aussi différents que les Têtes raides, Brigitte Fontaine ou Nick Sansano le producteur de Sonic Youth. 

 

A l'époque de Tostaky, il y avait Noir Désir et pas grand chose d'autre dans l'hexagone, à offrir sans rougir à son cousin d'Amérique. Depuis, le ciment a bien levé dans la plaine frenchie, mais le groupe a eu la bonne idée de garder les yeux ouverts sur une scène devenue majeure grâce au talent de gens aussi divers qu'Air, Manu Tchao, Iam, Daft Punk ou Mirwais

L'air de rien, Noir Désir revient dans les bacs, comme un boxeur bourré de talent remonte sur un ring après un break salvateur. Avec moins de hargne, moins de puissance, mais toujours autant de punch et de malice. "Des visages des figures" c'est 12 titres en forme de 12 rounds musicaux truffés de changements de rythmes, de combinaisons fulgurantes, de fausses pistes piégeuses, avec au final un risque assumé de boxer en fausse garde, pour mieux flamber entre quatre cordes de basse teigneuses ou sensuelles.  

Mardi et surtout lors de la prochaine tournée, le public lèvera ou baissera le pouce face à quatre enragés. "On ne méprise pas l'attente du public, on ne la néglige pas, mais on a pas le droit de la prendre en compte" soulignait Cantat dans un récent interview.  

"Des visages des figures" est un risque assumé pour rester vivant et un pari audacieux pour affronter les jours de colère (Dies Irae) à venir. Forcément, c'est un album qu'on a envie d'aimer.

L.G - http://www.alsapresse.com/