Aves "Des visages,
des figures", Noir Désir, anti-glamour, propose le volume du détachement...
ou des interrogations?
Le groupe à l'image anti-glamour, intitule son album,
"des Visages des Figures". Et vire partiellement sa cuti électrique
et son lyrisme, au profit d'une formule plus dispersée, ralentie, mélodique.
Des ruptures que l'album des remixes, les collaborations diverses et
solo, laissaient présager.
En intro, la thématique paraît plus adulte, Cantat évoquant son "Enfant
Roi" ; mais l'écriture laisse toujours passer des images pour le moins
maladroites. Même si la ballade "Le vent nous portera", avec Manu Chao
à la guitare, porte sa respiration inspirée. Musicalement, la quête
de renouvellement passe aussi par des échantillons, claviers et instruments
à vents, qui surgissent des compositions.
En douze titres (dont un morceau de presque 24 minutes, l'Europe, avec
Brigitte Fontaine), cette longue litanie, comme saoûle de mots rythmés
par la marche du temps, se situe un peu dans le sillage d'IAM ou du
groupe-manifeste Programme. Arrangée de cordes, la chanson-titre évoque
le Dominique A récent, aux mélodies concassées, à la sinuosité désolée
; tandis que la voix écorchée rappelle ici et là Mano Solo.
Il y a aussi la mise en musique d'un Ferré inédit, qui accentue tout
cet aspect chanson française, tandis que les slogans déclamés, et les
vers sombres, connectés sur les actualités contemporaines, perpétuent
l'instinct rock, bien posé sur "Le grand incendie". Et puis ce qui a
fait le style Noirdèz à l'arraché, se retrouve notamment sur le caracolant
"Son Style 1", non dénué d'une ironie aux notes haut-perchées.
Soit le volume du détachement... ou des interrogations !
Sud Ouest - Patrick Scarzello- © Journal Sud Ouest
Voir
le dossier spécial de Sud Ouest sur Noir Désir...
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