Quand Noir Désir grimpe sur scène, à 23H30, l'ovation prouve qu'il est bien le plus attendu de la soirée, après la révélation de Muse, impulsif et très scénique, et la prestation ensorcelante mais écoutée de PJ Harvey.

Introduction très free où les bruitages de Bertrand répondent aux éclats déchirés du sax d'Akosh. La présence de jean-Paul aux claviers renforce cette impression d'étrangeté. Et puis ce dernier reprend sa basse et "Pyromane" ramène le public en terrain connu, pour une succession de morceaux totalement rock. Sergio se déchaine, Bertrand renoue avec sa guestuelle spectaculaire. "la Chaleur" clôt d'une manière trépidante ce passage sous haute tension, avant que les choeurs nostalgiques du public sur "Marlène" ne rappellent que le groupe touche maintenant plusieurs generations.

Largement sollicité pour accentuer les climats de morceaux étirés, Akosh se révèle être à part entière le cinquième membre du groupe. "One Trip One Noise", très syncopé, traduit bien l'esprit du concert : la continuité par rapport à l'album de remix. Après avoir laissé triturer leurs chansons par divers alchimistes sonores, Noir désir ont décidé d'en faire autant, mais à leur façon. En accentuant les atmosphères, ils donnent l'impression d'ouvrir les vannes et l'aspect expérimental s'appuis sur un pôle obsessionnel qui pousse certains titres dans leurs derniers retranchements. Une partie du public est déçue de cette manière de refaire du neuf avec du vieux : seules deux nouveautés à se mettre sous la dent, dont un succès musclé en puissance et une ballade beaucoup moins aboutie. Les combattants de la première heure ne retrouvent pas la furia de leurs souvenirs avec ces version remaniées, y compris dans le son qui utilise force, compression et machines. Alors que "Lazy" peine un peu à s'installer, un "Tostaky" d'anthologie réconcilie tout le monde. Les rappels confirment ce goût intact pour le brûlot sonore. La première slave balance avec la force d'un uppercut "L'Homme Pressé" puis "A l'Arrière des Taxis". Et le dernier round se limite à une version torride de "Comme Elle Vient". Moins impulsifs, plus posés et matures, les Noir Désir entretiennent comme un bien précieux cette urgence et ette rage qui ont institué leur légende, même s'ils les ont musicalement un peu déplacées. CE qui augure bien du prochain album...et de la prochaine tournée ?

H.M. - Rock & Folk Septembre 2001

"Après avoir laissé triturer leurs chansons par divers alchimistes sonores, Noir désir ont décidé d'en faire autant, mais à leur façon"