"Un autre jour en France
Des prières pour l'audience
Et quelques fascisants autour de 15%
Charlie défends-moi !!!"

 

Enfin un chanteur passe à Londres !

 

CHARLIE HEBDO: Ne crains-tu pas que, comme à son habitude, Messier ne récupère tes propos [Cf lettre lus aux Victoires de la Musiques] en s'autoproclamant producteur de ta liberté de parole ?

BERTRAND CANTAT: C'est tout le problème avec un type comme ca. C'est un récupérateur fondamental. Il vient de l'orthodoxie libérale et il se fait passer pour un libertaire. Messier, c'est un des mecs les plus forts dans ce domaine. Il se ferait presque passer pour un bienfaiteur de l'humanité. Il y a quelque chose d'inacceptable. Avec Noir Désir, on s'est dit qu'on ne pouvait pas tout le temps rester sur la défensive, comme des hérissons, avec nos piquants sortis, en pensant que de toute façon, comme ce ec récupère tout, on ne peut rien dire. C'est peut-être sa plus grande force: au fond, pensant ça, personne ne prend la décision de lui résister.

CHARLIE: Qu'est-ce qu'on fait quand on ne veut pas être un produit Universal et qu'on veut quand même être distribué ?

BETRAND: C'est devenu très compliqué. Pour les nouveaux groupes, les nouveaux artistes qui apportent une parole un peu différente, c'est dur. Pourtant, je n'arrive pas à être totalement péssimiste. On a besoin de gens qui aient une liberté d'esprit et d'action.

CHARLIE: La Fnac dit avoir une politique qui permet l'expression des labels indépendants. Qu'en penses-tu ?

BERTRAND: A priori, ça sonne comme une noble déclaration d'intention, mais j'ai l'impression que c'est un peu récupérateur. Eux aussi ont trop de pouvoir. Je ne dis pas qu'à la Fnac on ne trouve rien, mais ce ne sont pas des enfants de choeur. Je me méfie un peu de leur charte. Et puis ce n'est pas la Fnac qui va régler le problème.

CHARLIE: Ta déclaration est-elle un acte isolé de desperado, ou comptes-tu mettre sur pied une résistance organisée contre Universal Music ?

BERTRAND: C'est beaucoup dire. Tout artiste -voire citoyen- doit rester vigilant. Ne surtout pas fermer sa gueule quand il n'y a pas à la fermer. Je suis persuadé qu'on n'est pas si isolés que ça. Je sais que les copains de Zebda ont les yeux ouverts. Si on y est allés, l'autre soir, c'est bien parce qu'il y avait une parole à porter. Maintenant, on se réserve le droit de tout.

CHARLIE: Quelles ont été les réactions à ton intervention ?

BERTRAND: Pas mal de copains nous disent bravo, nous disent que c'est bien. Même s'ils ne l'auraient pas fait à ta place, ça, c'est sûr (rires). Mais bon, apparemment, ils trouvent que ça fait plutôt du bien et que ça décongestionne.

Merci à Romain