Le samedi 16 mars 2002 Noir Désir : ici Montréal

 

Leur dernière visite remontait à 1997, au Cabaret. Et les revoilà enfin, pour deux soirs par surcroît, au Métropolis: il n'y a pas à dire, le groupe rock français Noir Désir était attendu. Hier soir, près de 2000 fans sont venus rappeler au furieux quintette bordelais que ses chansons socialement éveillées, musicalement musclées, ont trouvé écho de l'autre côté de l'Atlantique.

Pendant près de deux heures, Noir Désir a épluché ses albums - dont le plus récent, Des visages des figures, justifiant cette tournée mondiale. Il y en a eu un peu pour tout le monde mais, forcément, nourri de sept substantiels albums, chacun espérait sa favorite qui n'était pas au programme. Déplorons donc (ne serait-ce qu'un tout petit peu) l'absence des Lolita nie en bloc, Un jour en France et Ici Paris.
Car pour le reste, ça frôlait le génial. Belle ambiance d'un public qui a, en partie, grandi avec le rock songé et libérateur de Noir Désir, des fans matures et fort attentifs à l'action qui se déroulait sur scène. La bande à Bertrand Cantat a mis du temps à embraser la foule, imposant un rythme tout en progression, faisant monter la tension jusqu'à la fin du concert, déchaînée.

Publicité Après la courte première partie du Canadien Hawksley Workman (une recommandation de Noir Désir car Workman remporte un succès fou en France, au point qu'il a choisi de s'y établir), le groupe a débuté dans un éclairage diffus avec Rien ne bouge, tirée de Du Ciment sous les plaines. Seul, clairement visible sous son projecteur, cambré derrière son pied de micro, Cantat, de sa voix rude et perçante, devançait le son des guitares, déjà plus crispantes que sur Des visages des figures. On se doutait bien que le son était pour être lourd à souhait.

Mais il nous a fallu attendre encore quelques chansons, les Ernestine et Septembre, en attendant (extraites de 666.667 Club) jusqu'à Les Écorchés, tirée de Veuillez rendre l'âme - l'album le plus visité de ce spectacle. Enfin, au grand bonheur des fans massés au parterre, le spectacle est passé à sa vitesse de croisière à l'aide de l'excellente One Trip One Noize (Tostaky), au rythme soutenu, lacéré par les envolées d'harmonica du chanteur. On s'énervait ferme dans les premières rangées.

Noir Désir a aspergé la foule d'accélérant au moment d'interpréter Le Grand Incendie, prophétique chanson de catastrophes new-yorkaises. La guitare de Serge Teyssot-Gay semblait ensorcelée tant il essayait d'en contenir les excès; Cantant, aussi crispé puisse-t-il paraître, dégage énormément d'énergie dans ses coups de tête et ses envolées vocales. Une énergie que le public n'a pas eu de mal à capter.

Le crescendo s'est poursuivi avec La Chaleur, Le Fleuve (encore de Veuillez...), Lost (deuxième extrait du dernier album) puis, « une vieille chanson » comme l'a annoncé le chanteur, À l'arrière des taxis (toujours de Veuillez...), auréolée d'efficaces guitares punk. Puissant.

Malheur au critique d'avoir dû rater les généreux rappels, heure de tombée oblige. Car, selon des sources officielles, s'amenaient d'autres chansons du dernier album, peut-être même la superbe Le Vent l'emportera qui tourne sur nos radios, en plus du classique Tostaky.

Allez, on se reprendra ce soir, 20h30, toujours au Métropolis. En plus, il reste encore quelques billets...

 

 

http://www.cyberpresse.ca/ - Philippe Renaud collaboration spéciale, La Presse