Noir Désir soutient José Bové et se retrouve soudain à enregistrer pour Jean-Marie Messier. Vous avez dit contradictoire ? A l'occasion de la sortie de son nouvel album "Des Visages Des Figures" (disques Barclay), le groupe préféré des lecteurs de Rock&Folk s'explique libéralement: "Notre objectif reste une indépendance artistique à cent mille pour cent" Dont acte.
Par Philippe Manoeuvre
"C'est l'agression qui fait fonctioner un bon groupe de rock'n'roll. A l'évidence, si on fait semblant, on usine de la daube. Les gens de la haute peuvent pas comprendre ce concept. Mais voila : comment le systeme capitaliste peut-il encourager la formation de groupes de rock'n'roll et s'attendre à ce que ces groupes remplissent la fonction de rebelles officiels ? Tout cela ne marchera plus très longtemps. Un systeme qui encourage le délire des uns pendant que les autres sont objectivement en prison rend tout le monde fou. Je ne coopérerai plus." Sur ces mots, Dee Dee Ramone plaque son groupe en 1992

 

Cochant cette phrase, on se dit qu'elle ve rudement donner à penser aux lecteurs de Rock&Folk. Dans la radio des vacances, Noir Désir continue à disiller un refrain entêtant, porté par la petite guitare de Manu Chao, à cent lieues de la folie métallique des derniers disques. Et puis on rentre a Paris et le Noir Désir est sous la porte, entre les imôts et les cartes posales du Tibet. Pour beaucoup de gens, "Des visages, des figures" sera déconcertant. Pournous, c'est exactement le disque que devait faire une groupe vieux de vingt ans qui a décidé de rester soudé face au monde réel. Parce qu'ils on été de tous les combats, de toutes les révoltes de l'intelligence, parce qu'ils ont adpté une conduite totalement exemplaire en publiant des disques miraculeux, les Noir Désir sont les héros absolus de beaucoup de lecteurs de ce journal. Il fallait docn les recontrer fin aout, dans cet appartement de Montmartre. Un groupe au complet qui arrive a l'heure dite, le jour prévu. Ils se répartissent en arc de cercle autour de l'interviewer à qui il faudra une seance de 80 minutes pour renouer l'écheveau et comprendre ce qui est arrivé à Noir Désir.

 

"Ne pas se laisser aller juste sur ce qu'on sait faire"

Rock&Folk : Revenons sur la genese de ce disque. Comment ça s'est passé, concrètement ?

Denis : Ca commence par est ce qu'on fait un nouvel album ? Au départ.

R&F : Le groupe a t'il été dissous sans que personne ne le sache ?

Bertrand : Le groupe est systématiquement dissous à la fin de chaque cycle, on n'a même plus besoin de s'engueuler. Il y a un processus de désagrégation. On ne s'affole plus, on laisse vivre et on attend une envie commune.

R&F : Vous vous telephoner parfois ?

Tous : Ca Oui.
Jean-Paul :
On passe tellement de temps à tout faire ensemble...

R&F : Quelles sont vos activités ?

Bertrand : Quand Noir désir, n'existe plus, on se ressource, on refait sa bosse, on retrace en profondeur. On n'est pas censé connaitre l'arrivée au moment du depart. Personne n'est sur des pistes tracées. Il faut laisser du temps, il y a des voyages à faire, d'autres choses à voir.
Denis :Jean-Paul et moi, on joue tous les deux, pour ne pas rouiller.

L'usine a Gaz

Bertrand : On se recroise par-ci par là, on rediscute...Puis on a décidé de faire une réunion avec les instruments. Ca devait etre acoustique au départ, on s'est retrouvés avec des tonne de matos (rires) ,toute l'usine a gaz, parce qu'on a eu envie de toute essayer. Pour déplacer le contexte, on est partis au Maroc, un pays qu'aucun de nous ne connaissait. Là, l'interet etait de jouer, de tatonner, de tchatcher. Ca, c'etait le premier déclencheur, simplement pour voir si ca valit le pèt'.

R&F: Et si ca l'avait pas valu ?

Bertrand : Moi, sincerement, à la fin du Maroc, je n'étais pas sûr. Tout le monde m'a dit que j'étais fou (rires) . Quelque part, ils avaient raison. Mais auparavant, il fallait gratter plein de trucs. Et explorer, en ayant pas peur de revenir sur nos pas, de se viander. Une vraie liberté.

R&F : Ensuite ?

Jean-Paul : On est partis faire des maquettes, et puis ces maquettes se sont trouvées tellement abouties que cinq d'entre elles fidurent tellles quelles sur l'album final.
Sergio :
Si on compte toutes les périodes, il y en a eu treize. Treize expériences de quinze jours à trois semaines.
Bertrand :
Alors là, on vit en autarcie, à huit clos. On pose des histoires et c'est libre. On pourrait jouer plus carré, rentrer en studio, en sortir avec un disque. Là, ça s'est passé sur plein de périodes et on a laisser évoluer lentement.

R&F : Pour beaucoup de gens, votre meilleur album reste "Tostaky"...

Bertrand : Bien sûr qu'on ne renie pas ce disque. Simplement on n'en fait pas deux comme ça, encore moins trois...

R&F : Ce nouveua disque va surprendre. Où est l'agression ?

Bertrand : On a eu l'impression qu'elle touchait à sa fin avec l'album précédent. Sur "666.667 Club", il y avait des velléités d'approcher des choses qui étaient en nous. Mais on n'avait pas le temps. Donc cete fois, le mot d'ordre était : ne pas se laisser aller juste sur ce qu'on sait faire. Donc contrer les vieux réflexes. Parfois on se tapait sur les doigts : non, on sait faire, stop. Franchement, on était tous d'accord. Si on refaisait un autre disque de rock à la Noir Désir, on perdrait l'excitation, on préférait ne pas le sortir.

R&F: Cette réflexion vous a t'elle été inspirée par l'exemple de radiohead ?

Bertrand : Beaucoup de choses de toutes sortes nous ont touchés, aidés à comrpendre. Les artistes, les gens libres, ça exite. Dont radiohead, oui. On sent qu'il y a une recherche et puis advienne que pourra. Ce disque correspond à la vérité de notre moment. Notre vérité de maintenant, ce n'est peut etre pas celle q'il y a quatres ans. Arrêtons les foutaises. Notre vérité se déplace avec nous. Il s'agit seulement d'aller la chercher. Du coup, on a eu de drôles de moments.
Denis : On a eu des quinzaines de plat, de temps mort.
Bertrand : la chose qu'on recherche est là. On en a la prescience. Où veut on aller ? Ce n'est pas définissable. Donc, fini les deux, trois, quatres on enregistre. Ce n'est plus la meme histoire. Et il peut y avoir découragement...

R&F : Normalement, il y a un producteur pour jauger tout cela...

Bertrand : En France, on travaille avec l'ingénieur Jean Lamoot. Lui se fond dans l'histoire, il n'est pas dirigiste. Puis une autre partie des morceauxse fait à New York, et là il y avait, à notre demande, un recadrage de Nick Sansano qui a bien compris cette autre recherche et l'a joué à l'instict.

Personne n'est heureux

R&F : Ce qui a énormement changé sur ce disque, c'est la voix.

Bertrand : Je savais chanter comme ça depuis longtemps, mais il n'y avait aucune façon de l'exprimer...J'ai osé. Je suis davantage à poil. Dans le rock, o a longtemps eu ce fantasme : noyer la voix dans les instruments. Mais nous, on a vu Nirvana à Reading, c'était hallucinant à quel point la voix était devant. Mon exemple en la matière, c'est "Search And Destroy" des Stooges. C'est délirant. Pour moi, ce morceau est la parfaite merveille rock'n'roll. Ecoute bien le mix...La voix est loin devant et c'est totalement réussi.

R&F : Quand on écoute le dernier morceau, 23 minutes intitulées "l'Europe", on se dit que vous jammez...

Jean-Paul : "l'Europe" n'est pas une jam mais, à la base effectivement, il y a trois heures et demie de délire sur 64 pistes...Il y avait énormement de montages et de mix possibles, tu vois le truc...
Bertrand :
Là, on s'est éclaté. C'est un peu le dérapage total qu'on ne réussis plus a controler et puis, à la fin, on monte, on édite, on fait des re-re. C'est un morceau à étages, avec des choses qui, à chaque couche successive, disparaissent. A l'arrivée, on est contents.

R&F : Jouerez vous ce titre sur scene ?

Sergio : Pourquoi pas ? On ne sait pas...IL est arrivé que des versions de "helter Skelter" ou "I want you" dépassent le quart d'heure...
Bertrand :
Sauf qu'on le fait facilement sur des choses qui e sont pas à nous. Quand on destrot les Beatles, on destroy des choses pas inconnues.
Sergio :
Au bol d'Or, on a fait une version de "Pyromane" qui a dépassé la demi-heure...C'était de la pure télépathie.
Bertrand :
Globalement, tout groupe cherche ce niveau d'extase, mot fort, ce moment où le vaisseau spatial décolle. Attention : Dès qu'on cherche systématiquement cela, c'est perdu, faut pas rêver.

R&F : Sur "l'Europe", vous chantez : "De toute façon il faut avancer / logique implacable". C'était votre façon de pousser une dernière gueulante avant l'euro ?

Bertrand : Sous couvert de plus grande liberté, il y a un vrai sentiment d'emprisonnement qui n'est pas que le nôtre.

R&F : Personne n'est heureux...

Bertrand : Oui, c'est extraordinaire d'ailleurs, on a tout, on fantasme sur internet, mais si on ne résiste pas, on n'a tout simplement pas le temps de respirer. Donc on perd son souffle, son identité, son esprit. Il faut des mouvements contraires, absolument. Et ce qu'on nous fait disparaitre, ce n'est pas le caractere récurrent du guerrier, puisqu'il s'agit d'aller créer des conditions de déséquilibre invivables qui vont engendrer des guerres. A un moment, ça ne va plus coller.

"Penser global, agir local"

 

R&F : Et puis ce qu'on nous porpose...Le choix entre Jospin et Chirac...

Bertrand : Il ne faut rien attendre d'en haut. Il faut faire soit-même. J'aime bien cette formule "Penser global, agir local". C'est pas con...
Denis : On a vu Jospin au concert de Björk hier soir. Il va nous faire croire qu'il écoute Björk en boucle chez lui ?
Bertrand : C'est à mourir de rire. Ils cécorent Björk de l'rdre du mérite. Pourquoi pas ? Peut etre qu'elle a sauvé la France, la chanteuse, va savoir ? On aimerait lui poser la question, j'aurais peur qu'elle se fâche (rires). Non, sous peu il va falloir foutre un grand coup de pied dans la fourmillière. La réalité paraît terne parce qu'il n'y a pas de grand souffle. On n'est plus dans le Front Populaire ni dans les années 60. Donc on sent que c'est plus dure de s'arracher du sol. Pour nous, ce n'est pas comme ça qu'on va entrer dans le fameux monde des étoiles. Il s'agit d'une recherche poetique. En faite, le chemin tracé est technicien, mais ce qu'on nous propose c'est du rêve calibré...
Denis:
Et payant !
Bertrand :
Cela, dit, nos disques ne sont pas gratuits. On n'a pas otut résolu non plus. Mais on a l'impression qu'il y a deux mondes : celui des décideurs et celui des cloportes. Des mondes coupés, et ça c'est méprisant. Si on ne résiste pas, on ets vraiment de la merde. Il faut fésister, tout le temps. Poser les questions. regarde ce qui se passe avec la mondialisation : on nous dit qu'il va falloir arrêter de résister et critiquer pour entrer dans une phase de proposition. Donc, mettre les mains dans une représentation politique qui va concourir pour le pouvoir.

R&F : Afin d'élire le grand chef anarchiste numero un (rire générale)...

Bertrand : Oui ! Et ce n'est pas possible . Un paradoxe de plus. Allons, plutot vivre dans le paradoxe que vivre comme des chiens.

R&F : Sergio, l'écriture de bertrand a t'elle changé depuis l'album precédent ?

Sergio (long silence) : Je trouve qe c'est plus aéré qu'avant. Et c'est toujours aussi beau et poétique. On peut y voir des choses pour soi ou, à l'inverse, pour un sensemble.

R&F : Discutez vous ses textes ?

Sergio : Une fois qu'ils sont écris, je lui dis ce que j'en pense, ou ce que ç a me fait. On les découvre toujours finis... On les discutes pas, ces textes. Ca n'arrive jamais. Sinon il n'y a pas de règle. Parfois Bertrand part écrire surnos idées musicales, d'autre fois sur des idées à lui. Il y a des cas de figure ou l'idée musicale est là, et Bertrand attend de voir comment on réagit pour finaliser l'histoire. Pour "Son Style 2", il est venu avec un texte sans stucture ni accord, sans grille, rien. On a improvisé, pur live pendant trois heures. Et puis en une prise, c'étair là.
Bertrand :
A coté de ca, je peux apporter des chansons tres structurées. "Bouquet de Nerfs" est partie d'une ambiance de guitare et j'ai écrit dedans.

Monsieur Messier

R&F : Sur un titre, Manu Chao à la guitare. C'est pour enterrer les rumeurs de rivalité Mano Negra / Noir Désir ?

Bertrand : Il n'y a jamais eu de querelles. On a toujours été potes. Non, et puis on était en train de mixer ce titre au studio Ferber quand Manu a déboulé. Il avait deux minutes, il a pris sa guitare...

R&F : Manu Chao soutient Attac. Clairement, Noir Désir est un groupe anti-mondialisation pusique vous êtes allés jouer à Milliau pour soutenir José Bové...Et là, vous vous retrouvez sur Universal, enregistrant pour la multinationale du loisir...

Bertrand : Absolumenent

R&F : Qu'est ce que ça vous fait de vous retrouver à travailler pour monsieur Messier ?

Bertrand : On en a parlé ce matin, on en parle tout le temps, je fais chier le monde entier avec ça. Là, on est bel et bien au bout de la contradiction. On est en plein dans quelque chose qui n'est pas spécialement notre apanage. Sauf que nous, étant donné notre philosophie et comment on la défend, on nous pose la question...

R&F : A l'évidence, personne ne parlera de ç a à Johnny Halliday.

Bertrand : Personne ! Pour Johnny, c'est évident, et il y en a pas mal d'autres qu'on emmerdera pas avec ça. Pour nous, il y a là une contracdiction qu'il va falloir éclaircir.

R&F : C'est l'affaire de Courteney Love au USA. Elle dit avoir signé avec David Geffen et ne pas vouloir enregistrer pour les dirigeants d'Universal. Elle se bat devant les tribunaux pour récupérer son contrat.

Bertrand : On n'est pas maitre de ce systeme de poupée russes, de cette globalisation. Nous avons signés sur Barclay par Philippe Constantin. barclay a été racheté par Polygrame, donc sous domination Philips. Jusqu'à present, on tenait notre histoire. Là, en un an et demi, Seagram, une boîte de vins spiritueux, nous rachète puis Vivendi. On ne maitrise rien, que alle ! Nous, à notre échelon et par rapport a barclay, on peut encore parler. Mais si des trucs tombent d'en haut au nom des graphiques, si ça v trop loin, moi je le dis, on en pourra pas continuer. pour l'instant, on observe. tant qu'on peut s'exprimer sans entrer dans les foutaises, c'est faisable. Pour l'instant, nos interlocuteurs restent les mêmes. Attention, ça cache quelque chose aussi ! Regarde nos potes des 16 Horsepower, paf, ils ont sauté, du jour au lendemain.

R&F : Ils ne faisaient pas le chiffre...

Bertrand : On est en pleine mélasse. La boucle est bouclée, on ne peut plus sortir du cercle. C'est orweillien, comme situation.
Denis :
On a déjà connu quatre P-DG avant Pascal Nègre...
Bertrand
: Symboliquement, ce qui se passe là est completement dingue. Quand on s'arrête dessus, putain !

R&F : Encore une fois, on n'est pas persuadés que les artistes Virgin ou Sony soient mieux lotis.

Bertrand : Non, mais çca se voit moins. Les 28 et 29, on va a Toulouse avec Manu Chao, la bande de Zebda et les Têtes Raides. On sait d'où on vient, ce qu'on fait. On ne va pas célébrer les multinationales mais jouer contre. Sauf qu'on en fait tous partie. Voila, on n'est pas hors de la société. Là où ca peut devenir problématique, sans faire d'analogie avec le fascisme pur, c'est que "c'est toujours plus haut que le Conte sur rend"...

R&F : A la télévision, c'est une attitide différente. Personne ne veut déplaire au nouveau maître...Donc tout le monde s'autocensure.

Bertrand : Il y a des lâchetés quotidiennes énormes. Il faut organiser des points de résistances partout, à tous les étages. Pour rester dignes. Pour nous, notre objectif reste une indépendance artistique à cent mille pour cent. Deuxièmement, on ne fera que ce qu'on veut. Mais là où on ne peut pas déroger completement, c'est que, comme on a été racheté par Universal, on a le putain de logo sur les disques. Donc on se ba bec et ongles pour es empêcher de mettre leur logo sur nos pubs télé, mais le truc existe, récurrent. Donc pas de relachement possible, pas de question de s'en foutre. Bien sûr, celui qui n'a pas d'éthique peut se vautrer là dedans.

Même en yaourt

R&F : Comment ça va se passer sur scène ?

Bertrand : On est en train de réfléchir. On ne sait même pas si on va tourner, mais il va falloir ouvrir notre musique. Et là aussi c'est excitant. A tout moment, on peut balancer la sauce basse / batterie / guitare / chant et, à coté de ca, on va explorer, donc guitare acoustiques, samples, instruments à vents. Tout cela, pour nous, ce sera notre manière de lutter contre l'uniformisation : prendre des risques.

R&F : Cet été Air tournait aux USA. Vous avez envie de vous frotter aux Americains ?

Bertrand : On n'a pas de fantasme particulier sur les Anglo-SAxons. Je ne sais pas ce qui pourrait les interesser, les exciter alors qu'ils ne comprennent pas nos textes, que notremusique n'a rien d'une carte postale parisienne colorée. Tout est possible, mais on aimerais plutôt jouer ailleurs.Nous, notre fantasme serait plutot de jouer en Chine, de vivre des choses nouvelles...

R&F : Si on devait résumer votre nouvelle option, on pourrait dire qu'après diivers hommages à Brel, Ferré sur ce disque, vous vous dirigez vers une option tres "chanson française rencontre Sonic Youth..."

Bertrand : Depuis toujours c'est un peu ça. On rencontre beaucoup de choses qui ne se voient pas immédiatement. Notre musique reflète nos vies et nous ne sommes pas d'une génération qui reçoit uniquement le truc des Anglo-SAxons, se laissant emporter la dedans. Oui, c'était plus fort que la variété française et ca nous a bien fait tripper. Mais il n'y a pas que ca...

R&F : Le rock'n'roll existe encrore.

Bertrand : Oui, et qu'est ce qu'on a pu avoir comme sensations en faisant ou en voyant des copain le faire... Même en yaourt ! le groupe de rock qui décolle, c'est fantastique, c'est une magie, une spirale, ça ne doit rien à personne, c'est hors signifiant et signifié. cette fois, on a voulu réequilibrer.

R&F : Le groupe qui a composé "Les sombres Héros de le la Mer", aujourd'hui, vous le considérez comment ? Il vous embarasse ?

Tous : Non, absolument pas.
Bertrand :
On ne ferait plus ça comme ça.
Denis :
Il arrive qu'on joue le morceau sur scène...
Bertrand :
On donnait un concert à la prison Saitn Paul de Lyon, les mecs nous l'ont réclamé. Putain, on ne savait même plus le jouer. On a réviser sur scene, là devant eux, et puis on leur a balancé. On avait envie de leur echanger un peu de vie, quelque chose. c'est une chanson qu'ona virée à l'époque pour qu'elle ne nous aspire pas vers un truc qui nous représentait pas. Aujoud'hui on peut a jouer.

R&F : Quand vous dites ne pas savoir si vous allez tourner, vous n'êtes pas serieux...

Tous : Non ! Jamais (rires)
Bertrand : SI on part, il faut que ç a trimballe un risque artistique, plein de choses périphérique, une réflexion, un combat, des échanges avec d'autres musiciens. On n'est pas là pour reproduire une mecanique. ce qu'in constate dans la scène rock actuelle, c'est que les gens sont moins complexés. Attention, ca n'est aps gagné. On a vu des trucs superbes s'user parce que trop petits pour vivre, pas de débouchés, l'énergie s'en va, la trentaine arrive...Mais bon, c'est vrai, les groupes sont moins chappelle, ils ont une vision plus intelligente.

R&F : Conclusion. le nouveau Noir Désir est énorme, puissant, chercheur. Sauf qu'il n'est pas joyeux.

Bertrand : Il ne peut pas. A cause de cette fichue époque. Epoque qui ne me rend pas joyeux, non. Notre lucidité ne nous mène pas au yop la boum. Trop d'arnaques, trop de désillusions, trop de dissolution des éthiques. Tout pourait devenir vraiment passionnant, seulement voilà, ce n'est pas le cas. Il n'y a même plus cette perspective des lendmains qui chantent. On est là. Même ànos ages, on a déjà vu les choses passer, changer. Notre musique est plus lourde, c'est un peu moins laver l'affront dans la baston.

R&F : A une époque, vous avez été justement célèbres pour avoir refusé toutes les télé. Quelle est votre positions là desus aujourd'hui ?

Bertrand : La télé coupe beaucoup d'ondes emotionnelles. De temps en temps, quelques chose peut passer... Mais le plus souvent, on assiste a de l'emotion spectacle. Parce que l'émotion, la tété sait s'en servir...Faire une télé ? pourquoi pas. Mais pour parler de choses qui nous passionnent, conduire une débat, avoir la parole libre, surtout ça, oui. Regarde le grand fantasme de la Mano. En Argentine, lors de l'emission, Tom avait pété les cables en direct. Il s'était levé, et geulé: "Arretez cette mascarade, cassez vos télé, allez y !" Cette image-là est devenue un must télévisue absolu. Toutes les télés argentines, tous les zappings internationaux l'on reprise. Oui, c'était genial, spectaculaire, émouvant, un mec qui pète un plateau de télé, quoi de plus télévisuel, à la limite ? Debord ne s'était pas gouré, la citadelle est bien construite...

Recueili par Philippe Manoeuvre - Rock And Folk -Octobre 2001