A quelques
jours de la sortie de son nouvel album "Nap mint Nap", le
saxophoniste hongrois Akosh Szelevenyi est à Bordeaux, en concert
avec son groupe.
Le cheveu court, la barbichette stricte et le regard bleu acier, Akosh
Szelevenyi parle un français fluide, à peine teinté
d'une pointe d'accent hongrois. Solidement charpenté, il dégage
l'impression d'un homme solide, d'une droiture indéfectible.
Rencontre avec le pivot du groupe Akosh S. Unit.
Sud-Ouest : De quelle volonté est né ce nouvel album
?
Akosh Szelevenyi : De l'envie d'appréhender les choses
différemment que sur les trois premiers albums du groupe. Je
voulais sortir du fonctionnement classique "préparation,
enregistrement, promo, tournée". J'ai souvent considéré
ma musique comme une matière dans laquelle je pouvais ensuite
piocher pour construire tel ou tel projet. Mais j'aime aussi l'envisager
comme le fruit d'un travail continu, d'un chantier perpétuel.
Même une fois le disque fini, le même travail de création
continue.
Parce que des musiciens ont changé au sein du groupe, les choses
sont différentes : le son bien sûr, puisque les instruments
ne sont pas les mêmes ; mais la démarche est différente.
Je crois qu'on peut mieux approcher la vérité des choses
avec l'improvisation qu'en s'appliquant à composer.
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S-O : Au point de
vous être vous-même surpris par votre musique ?
AS : Un peu, oui. J'ai davantage exploré que composé
; et nous allons à une découverte de nous-mêmes.
En libérant les formes, on atteint une certaine justesse
par rapport à ce que l'on a à dire. Nous ne cherchons
pas à faire une musique cérébrale, qui nécessiterait
des connaissances savantes pour l'apprécier. A l'opposé,
nous souhaitons qu'elle touche les gens de façon directe
pour les conduire ensuite à réflêchir. C'est
la différence fondamentale entre la science et l'art : la
science peut convaincre les gens, l'art pas.
Sur scène nous prolongeons ce processus en improvisant de
plus en plus, dans un esprit d'ouverture. C'est le monde tel qu'il
fonctionne aujourd'hui qui me pousse à être de plus
en plus radical. L'improvisation nous oblige à travailler
notre capacité de concentration et de justesse, jusqu'à
devenir comme un entonnoir dans lequel circulent les choses et les
idées qui nous sont importantes et qui se transforment en
musique. |
S-O : Quels
sont vos projets pour 2004 ?
AS : Arrêter de travailler avec Universal Music, d'abord
; je ne peux plus me contenter de sortir un seul disque par an. Cette
année vont paraître des travaux différents, en solo,
ou avec la contrebassiste Joëlle Léandre, un projet trip-hop
avec un groupe de Marseille, un autre avec un nouveau groupe, MOSQ,
plus electro.
Sud-Ouest
14 février 2004 - propos recueilli par Stéphane
C. Jonathan
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