Akosh: "A Paris, je ne suis pas enfermé quelque part"

A.C. Johnson

 

Akosh, saxophoniste d'origine hongroise, insuffle un air novateur dans le jazz moderne. Il aime la musique, toutes les musiques.- le folklore de son pays, le free jazz des meitres américains, le rock. Son champ d'expression, alors illimité, lui donne une liberté qu'il exprime dans une musique à la fois forte, tumultueuse et racée.

Midi Libre : Adolescent, qu'est-ce qui vous a poussé dans la voie de jazz ?

Akosh: Quand j'étais adolescent, j'écoutais toutes les musiques que je pouvais. Led Zeppelin reste une de mes références les plus importantes, pourtant, ce n'est pas du jazz!

Quels sont les jazzmen qui vous ont marqué ?

Incontestablement, Albert Ayler... autant que led Zeppelin. De toute façon, dans le domaine musical, ce que l'on fait ne serait rien sans le reste. Il y a aussi eu Jolm Coltrane, les premiers disques d'Arclie Sheep. Pourtant la première fois que je les ai écoutés, je n'ai absolument pas pigé. A l'époque à Budapest, j'avais la chance d'avoir un ami qui me prêtait des disques, des cassettes. Cela m'a permis de découvrir beaucoup d'artistes, car c'était assez difficile de trouver des disques, surtout de jazz.

Qu'est-ce qui vous a motivé à quitter la Hongrie à l'âge de vingt ans ?

Dans mon pays, la différence était mal vue, quel que soit le sujet qui marquait votre différence. Ce n'est pas le fait de jouer du jazz en soit. Et puis, n'importe quel être humain a envie d'évoluer, de parcourir le monde. Dans mon pays, on m'empêchait de faire les choses que je voulais faire, alors j'ai décidé de partir. Ce n'était pas spécialement pour quitter la Hongrie, mais simplemet pour bouger.

Pourtant, vous êtes arrivé à Paris en 1986, et n'en avez Plus bougé.

A Paris, je ne suis pas enfermé quelque part. et j'ai toujours des choses à faire en France; sinon, je bougerais. En partant de Hongrie, je suis venu à Paris, parce que c'est la ville qui paraissait la plus intéressante pour ce que je voulais faire comme musique.

Qu'est-ce qui vous a poussé en particulier vers les Instruments à vent (saxophones, clarillette...) ?

Il n'y a pas eu de choix. C'est complètement instinctif. Comme ma musique l'a toujours été et l'est encore. Il y a cette phrase de Bela Hamvas, un auteur Hongrois, qui dit : "La volonté ne s'empare que du choix de l'amour". Elle résumé à elle seule tout ce que j'ai fait dans ma vie, me laisser gidder par mon instinct.

L'esprit "live" reste très important dans votre musique ?

Essentiel. Dans le genre de musique que je pratique, tu ne peux pas faire autrement que ce soit sur disque ou en concert.

Vous vous investissez dans la réalisation graphique de vos disques ?

Cela m'intéresse énormément: la pochette, les photos, les textes. Cela permet d'aller plus loin, d'exprimer la musique d'une autre manière. Cela peut aider les gens qui sont "sourds", pas parce qu'ils n'entendent pas, mais parce qu'ils n'écoutent pas!

Faire une tournée en ouverture de Noir Désir doit être fabuleux ?

Fabuleux, et flippant aussi. Quand je les ai vus pour la première fois sur scène, j'ai trouvé une évidence à faire de la musique avec eux. Dans le fond, pas dans la forme. L'énergie, l'intégrité, l'engagement.

Propos recueilli par 0. PERNOT