Imafa et Omeko selon Rock&Folk

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IMAFA

OMEKO

Akosh S. "Imafa", "omeko" (live)                                          (Barclay/ polygram jazz)

 

Formellement, et stylistiquement, on ne rendrait pas justice à la musique d'Akosh S. en la comparant à celle que jouaient les Lounge Lizards au début des années 90, époque où la formation fiévreuse et enthousiasmante de John Lurie s'ouvrait à la musique ethnique pour le meilleur, sans perdre de son tranchant pour autant. mais puisqu'il faut des comparaisons, on retiendra provisoirement celle-là, qui aide à imaginer la façon dont les pièces se constituent, d'echancrure free en petite danse folklorique, façon bonne aventure plutôt que grande architecture, musique de romanichel, improvisée avec les moyens du bord, qui fait feu de tout bois, et qui accueille le temps d'une ritournelle un peu de savoir des peuples, et beaucoup de leur générosité.            

         

Né à Debrecen (Hongrie) dix ans après l'entrée des chars soviétiques à Budapest, Akosh Szelevenyi a entamé des études de musique classique et folklorique dès l'âge de six ans. A seize ans, après avoir joué flûte a bec, clarinette et basson, il opte pour le saxophone qu'il décide de travailler à la section jazz de l'Académie de Budapest. C'est néanmoins dans l'audaces de John Coltrane, Eric Dolphy, Ornette Coleman, Albert Ayler, Don Cherry, Dewey Redman et Pharoah Sanders qu'il trouve un premier mais définitif écho aux troubles de son âme inquiète. Parallèlement il étudie les ragas indiens et l'œuvre de Bartok, sur fond de brimades policières, interrogatoires et menaces, qui le conduisent un jour de 1986 à sauter le mur et à rejoindre Paris avec son ténor pour tout bagage.         

De rencontres fondatrices (Steve Grossman) en groupe (avec la violoniste Michèle Véronique, le contrebassiste Bernard Malandain et le percussionniste Philippe Foch), un premier "Pannonia" sort sur le label EPM qui le fait remarquer dans quelques festivals et aux côtés de Dewey Redman. En 1994, "Asile" en trio paraît avant que la musique d'Akosh ne s'enrichisse de l'arrivée du multi-instrumentiste irlandais Joe Doherty (du groupe Sons Of The Desert) et que cette nouvelle formation s'installe dans un bistro parisien fréquenté par Bertrand Cantat de Noir Désir, qui demande illico à Akosh de rejoindre en studio l'enregistrement de "666.667 club", puis la scène en première partie de la tournée du groupe.                                                                      "Omeko" qui paraît aujourd'hui est l'enregistrement de la musique que donna Akosh pour un public venu avant tout pour les beaux yeux de Bertrand Cantat, mais paraît-il totalement conquis par cette musique d'abord immédiat.                                                                     

L'autre intitulé "Imafa" a été enregistré en studio en 1997 avec la participation de Bertrand Cantat au chant, à l'harmonica et aux percussions. Sous l'influence croisée de Pharoah Sanders du début des année 70 et du premier Liberation Orchestra, Akosh y laisse libre cours à un jeu fait de phrases incisives et écorchées à la fois, mâtinées d'un lyrisme à fleur de nerfs et colorées d'orientalismes. Plus convaincant---on peut être irrité par certain tics d'un autre âge---un disque néanmoins bienvenu.

Rock&Folk Février 1998