Akosh S. Unit
Eletter
Eletter a été enregistrer
dans des condition live (mais sans public...) ce qui donne une unité
à l'ensemble, chaque morceau s'enchaine sans rupture ou blancs.... pourtant
comme à l'accoutumé, akosh nous fait passer par tout les unvivers possibles
: un début céleste qui se poursuit dans le folklore et s'échappe vers
des rythmes tribales. Plus que de la richesse, c'est de la forces en
concentrée, du pur ensyme gloutons qui font frémir les oreilles de joie.... Eletter signifie le
"Espace de vie" Akosh et ses camarades sont des magiciens complets! |
Numero | Titre | Traduction |
01 - I | Földeken (Lungoj Drom) | Sur les terres |
02 - I | Földeken (Lungoj Drom) | Sur les terres |
03 - I | Földeken (Lungoj Drom) | Sur les terres |
04 - II | Let | Existance, l'Etre |
05 - III | Eredet | Origine, source, génese |
06 - III | Eredet | Origine, source, génese |
07 - III | Eredet | Origine, source, génese |
08 - IV | Lélekzet | Souffle, Âme |
09 - V | Turul | Touroul |
10 - VI | Aradat (Arviz) | Flux, Flot |
11 - VI | Aradat (Arviz) | Flux, Flot |
12 - VI | Aradat (Arviz) | Flux, Flot |
13 - VI | Aradat (Arviz) | Flux, Flot |
14 - VI | Aradat (Arviz) | Flux, Flot |
15 - VII | Igéret | Promesse |
Akosh
S. :
Saxophones
tenor & soprano, trompette, bombarde, kalimba, cris Joe Doherty : Violon, alto 4 cordes, saxophone alto & soprano, clarinette basse, piano Bertrand Cantat : voix, tabala Peter Eric : alto 3 cordes, violon, jug, bombarde, cloches Alexandre Authelain : Clarinette basse, clarinette Si bémol Robert Benko : Contrebasse Bernard Malandain : Contrebasse Bob Coke : Davul, tabala, gardon, tambourin, tampura, saze Pape Dieye : Djembé, tabla, percussion Philippe Foch : Batterie |
Comment s'est constitué l'orchestre qui joue sur votre dernier disque "Elettér" ? Le groupe est complètement hétéroclite, tout le monde vient d'univers différents. Philippe Foch, le batteur, a souvent travaillé pour le théâtre et la danse. Bernard Maladain, le contrebassiste, a beaucoup joué de jazz manouche, notamment avec Angelo Debarre ou dans le cirque Zingaro. Joe Doherty, le violoniste, s'est fait connaître avec le groupe rock Sons Of the Desert et c'est grâce a lui que j'ai élargi mes connaissance sur Ornette [Coleman] . Bob Coke est à la fois ingénieur du son, producteur et musicien. On dit que Bertrand Cantat vient du punk-rock. Alexandre hautelain, clarinettiste rencontré à l'Atmosphère, a une formation classique. J'ai aussi fait appel à Pap Diaye, Sénégalais, pour certains morceaux où j'entendais des couleurs africaines. Robert Benkö a longtemps été le contrebassiste de Mihaly Dresch, et Peter Eric, le violoniste, avec qui j'avais depuis longtemps envie de travailler, est membre de l'ensemble traditionnel Muzsikàs. Mais le projet de ce disque est moins lié à un concept musical qu'à la vie quotidienne, à certains paradoxes dont je cherche la réponse. Comment est-il possible de venir de quelque part et d'être citoyen du monde ? Comment est-il possible de vivre ensemble ? pour ma part j'essaye d'être responsable. Autrement que les hommes politiques qui se disent responsables des autres. En ce sens, je me sens moins leader que catalyseur de mon groupe. je n'ai pas besoin d'être un personnage public, je joue. Jazzman - Juillet Aout 1999 |
Critiques :
La musique d'Akosh S., organique, furieuse, criante (et criarde -Akosh S. joue du cri, littéralement, d'ailleurs c'est marqué sur la pochette), se veut être la mise en forme d'un grand vent de liberté sur une mémoire traditionnelle, le folklore hongrois. Laissons de côté, dès à présent, l'aspect inévitablement militant de cette musique (militantisme politique, d'abord -on connaît la petite histoire de l'artiste émigrant, sans-papier, pris sous son aile par Bertrand Cantat, le chanteur de Noir Désir...- et musical, ensuite -il reste, apparemment, des intégristes à convaincre que le jazz tend naturellement aux mélanges- et restons-en aux seules sensations de l'écoute. Les mélodies sont belles, les rythmes essentiels, les sonorités remarquablement mariées, les couleurs obsédantes. Mais Akosh S., artiste officiel de la rébellion free-world fin de siècle, fonctionne comme une manufacture ; la spontanéité de sa musique souffre d'une irréductible impression de procédé et de préméditation dans la construction, la méthode, le principe. On nous avancera qu'il serait paradoxal pour le saxophoniste de mesurer des élans qui, justement, témoignent de sa liberté revendiquée. Là est bien le problème : conscient de la mesure, il prétend systématiquement à l'outre-mesure, y voyant la légitimation de son œuvre et la condition de l'étiquette qu'il trimballe avec lui depuis ses premiers (grands) travaux en leader. "Déconstruire pour mieux reconstruire, désapprendre après avoir appris, désorganiser et réorganiser" : de belles formules un rien éculées qui collent à merveille au projet de notre hongrois, projet qui tient tout à la fois de l'agence de voyage en cars non-climatisés, du prétendu artisanat à l'échelle industrielle aseptisée et du discours libertaire de façade. La sincérité d'Aksoh S. est noyée dans l'eau saumâtre des gages de mauvaise conduite qu'il veut à tout prix donner, quitte à en faire trop. Et pourtant, on sent que coule dans cette musique une sève exempte de tout dogmatisme, qui pourrait couler comme un torrent s'il n'y avait ces goulots d'étranglement... Akosh S. est donc un problème, statut que pourraient lui envier nombre de collègues qui, eux, ne sont rien. On attend toujours l'incendie promis par ce pyromane en puissance. |
Avec Elettér, le saxophoniste hongrois Akosh S.invente une musique vibrante gonflée de toutes les rumeurs du monde. Quand on évoque avec lui lexil originel, le départ de Hongrie à lâge de 20 ans, larrivée à Paris au milieu des années 80, des fantasmes de liberté hurlant à flots continus de son saxophone ténor, quand on suppose aussitôt la désillusion face à la réalité grise et la douleur lancinante de larrachement à son pays natal, Akosh Szelevenyi a cette jolie réponse pleine de sagesse et dironie : Jai quitté ma terre mais je n'ai pas quitté la terre... formule concise aux allures taoïstes qui savère peut-être la meilleure définition de sa musique nomade rêvant dembrasser tous les lieux et toutes les cultures du monde en un geste qui serait totalisant sans être totalitaire. Car cest bien de ça quil sagit : entre errance et enracinement, toute la musique dAkosh est en quête de territoire dun espace à traverser, à habiter, à peupler... Et si lexil est bien fondateur, cest dans ce mouvement paradoxal qui exalte, dans la rupture, une appartenance à un terroir, et ouvre simultanément sur létendue. Cette tension est au cur de la musique du saxophoniste, lobjet même de cette longue suite ambitieuse et passionnante, Elettér, « espace vital » en hongrois. Mais quon ne sy trompe pas, le baroquisme esthétique qui résulte de ce paradoxe et met en scène, dans le choc des cultures qui sembrasent et se métamorphosent au contact les unes des autres, un véritable chaos-monde est à mille lieues du fantasme syncrétique de la world-music. Si Akosh est en
quête dunité et dauthenticité, cest en acceptant de
souvrir totalement à cette multiplicité, à ce foisonnement, à
cette richesse du monde. Son propos est définitivement étranger au mirage
occidental et technique dune accessibilité directe à un monde
virtuel réduit à ses icônes marchandes. La musique dAkosh refuse
de simplifier la vie des hommes en signes, de labstraire, de la
numériser ; sa démarche est inverse : exprimer la présence du monde
et ce quil en est alors de la présence au monde. Doù cette
musique opaque, de matières brutes traversées de flux souterrains, sombre,
tourmentée, mystérieuse, épaisse, compacte. Doù cette tension
constante et irréductible entre des structures, des mélodies, des rythmes
issus dun terroir, dune mémoire, dune culture
Akosh est, à linstar de ses compatriotes Kodaly et Bartók, tout
entier concerné par lart folklorique dexpression paysanne
en ce quil offre un lien direct aux origines et le jazz,
cette musique impure et illégitime, fruit des copulations les plus insensées,
qui nappartient en propre à aucun lieu précis, qui est Stéphane Ollivier Les Inrockuptibles n° 186 du 17 au 23 fév |
On me dit, quelle merveille
- certes un peu bruyante - que cette musique-de-monsieur-S qui ne
vient de nulle part ! Sans m'énerver, et plutôt calme face aux attaques
biscornues de la Grande Critique Incompétente, je réplique : dans
quel recueil de magie noire pilhanesque avez-vous lu ce concept de
" musique qui vient de nulle part " ? Tout cela est bien simple, continuai-je,
le sourcil à peine levé : le dernier et 3ème opus dudit S, prénommé
" Espace de vie ", n'est que le résultat d'une rencontre impromptue
entre le dernier Coltrane (Living Space, c'est lui) et Bratsch, la
fondation d'un nouvel empire indo-hongrois et (je finirai là-dessus,
faute de pouvoir appréhender en une soirée le background du cinglé
saxophoniste strident) la somme du travail accompli en commun, et
sans le savoir, par un Tom Waits normalement apocalyptique et un free-steel-band
de Trinidad. En bref, de la musique pensée par un compositeur qui
refuse l'habituel. Afin de préciser cependant les tenants et aboutissants
de ce disque que nos services compétents ont trouvé jouissifs, je
finirai, comme à l'accoutumé, par une méchanceté. J'ai cru qu'Akosh
S. n'était que la réincarnation de Gato Barbieri juste avant qu'il
ne signe les jingles de France-Inter... Maintenant je m'en mords les
doigts. Bertrand Ravalard |
Ne vous y trompez pas : "Eletter" est un grand disque de jazz, tout comme Bartok était un grand monsieur de la musique contemporaine. Excusez du peu : rarement depuis les envolées free de John Coltrane on avait entendu saxophoniste aussi librement inspiré qu'Akosh Szelevényi... D'aucuns insisteront sur les influences magyars du bonhomme et de son groupe où se croisent blancs et blacks, hongrois et français, nomades et sédentaires du jazz. Mais entre cuivres et violons, djembe et double basse, trompette et tambourins, le dernier mot appartient à ce jazz d'improvisation qui se défie des frontières et des prétentions au classicisme. |