Rodolphe Burger (musicien, membre de Kat Onoma) : " Un bouillonnement fascinant "
Les gens qui ont faim de musique ne peuvent évidemment pas se payer dix disques par semaine, donc ils cherchent des formules moins chères. Ce n'est pas moi qui irai leur reprocher ce côté un peu sauvage, pirate, chaotique, qui me plaît assez ! La technologie permet aux artistes de s'approprier totalement leurs propositions musicales. Et le Net permet de diffuser et d'entretenir ce bouillonnement créatif sans passer par le filtre des maisons de disques ou des médias traditionnels, qui de toute façon ne parviennent plus à refléter la diversité de la création musicale. Récemment aux Etats-Unis, le rappeur Chuck D. (de Public Ennemy - NDLR) a rompu le contrat avec sa maison de disques pour vendre lui-même son album sur Internet. Mais peu d'artistes disposent de la notoriété suffisante pour se permettre un tel pied de nez... En fait, Internet est un outil supplémentaire. Sur mon site, je peux mettre en ligne des morceaux qui ne sortiraient pas via ma maison de disques, diffuser les images d'un concert. Bref, inventer de nouveaux échanges avec le public. J'aime beaucoup le principe du réseau, des liens hypertexte qui t'envoient en un clic d'un site à l'autre à travers toute la planète. C'est le coq à l'âne absolu, le zapping démultiplié. Il y a là une fluidité, une vivacité que je trouve fascinantes. " Propos recueillis par Guillaume Bara - L'Humanité 02 Juillet 1999 |