Akosh S. Unit

Elettér
Eletter Polygram 1999

Eletter a été enregistrer dans des condition live (mais sans public...) ce qui donne une unité à l'ensemble, chaque morceau s'enchaine sans rupture ou blancs.... pourtant comme à l'accoutumé, akosh nous fait passer par tout les unvivers possibles : un début céleste qui se poursuit dans le folklore et s'échappe vers des rythmes tribales. plus que de la richesse, c'est de la forces en concentrée, du pur ensyme gloutons qui font frémir les oreilles de joie....

Eletter signifie le "magicien de la terre"!

Akosh et ses camarades sont des magiciens complets!

 

 
Numero Titre Traduction
     
01 - I Földeken (Lungoj Drom) Sur les terres
02 - I Földeken (Lungoj Drom) Sur les terres
03 - I Földeken (Lungoj Drom) Sur les terres
04 - II Let Existance, l'Etre
05 - III Eredet Origine, source, génese
06 - III Eredet Origine, source, génese
07 - III Eredet Origine, source, génese
08 - IV Lélekzet Souffle, Âme
09 - V Turul Touroul
10 - VI Aradat (Arviz) Flux, Flot
11 - VI Aradat (Arviz) Flux, Flot
12 - VI Aradat (Arviz) Flux, Flot
13 - VI Aradat (Arviz) Flux, Flot
14 - VI Aradat (Arviz) Flux, Flot
15 - VII Igéret Promesse

 

Critiques :

La musique d'Akosh S., organique, furieuse, criante (et criarde -Akosh S. joue du cri, littéralement, d'ailleurs c'est marqué sur la pochette), se veut être la mise en forme d'un grand vent de liberté sur une mémoire traditionnelle, le folklore hongrois. Laissons de côté, dès à présent, l'aspect inévitablement militant de cette musique (militantisme politique, d'abord -on connaît la petite histoire de l'artiste émigrant, sans-papier, pris sous son aile par Bertrand Cantat, le chanteur de Noir Désir...- et musical, ensuite -il reste, apparemment, des intégristes à convaincre que le jazz tend naturellement aux mélanges- et restons-en aux seules sensations de l'écoute. Les mélodies sont belles, les rythmes essentiels, les sonorités remarquablement mariées, les couleurs obsédantes.

Mais Akosh S., artiste officiel de la rébellion free-world fin de siècle, fonctionne comme une manufacture ; la spontanéité de sa musique souffre d'une irréductible impression de procédé et de préméditation dans la construction, la méthode, le principe. On nous avancera qu'il serait paradoxal pour le saxophoniste de mesurer des élans qui, justement, témoignent de sa liberté revendiquée. Là est bien le problème : conscient de la mesure, il prétend systématiquement à l'outre-mesure, y voyant la légitimation de son œuvre et la condition de l'étiquette qu'il trimballe avec lui depuis ses premiers (grands) travaux en leader. "Déconstruire pour mieux reconstruire, désapprendre après avoir appris, désorganiser et réorganiser" : de belles formules un rien éculées qui collent à merveille au projet de notre hongrois, projet qui tient tout à la fois de l'agence de voyage en cars non-climatisés, du prétendu artisanat à l'échelle industrielle aseptisée et du discours libertaire de façade.

La sincérité d'Aksoh S. est noyée dans l'eau saumâtre des gages de mauvaise conduite qu'il veut à tout prix donner, quitte à en faire trop. Et pourtant, on sent que coule dans cette musique une sève exempte de tout dogmatisme, qui pourrait couler comme un torrent s'il n'y avait ces goulots d'étranglement... Akosh S. est donc un problème, statut que pourraient lui envier nombre de collègues qui, eux, ne sont rien. On attend toujours l'incendie promis par ce pyromane en puissance.

Bernard Quiriny - http://www.chronicart.com/

 

Avec Elettér, le saxophoniste hongrois Akosh S.invente une musique vibrante gonflée de toutes les rumeurs du monde.

 

Quand on évoque avec lui l’exil originel, le départ de Hongrie à l’âge de 20 ans, l’arrivée à Paris au milieu des années 80, des fantasmes de liberté hurlant à flots continus de son saxophone ténor, quand on suppose aussitôt la désillusion face à la réalité grise et la douleur lancinante de l’arrachement à son pays natal, Akosh Szelevenyi a cette jolie réponse pleine de sagesse et d’ironie : J’ai quitté ma terre mais je n'ai pas quitté la terre... – formule concise aux allures taoïstes qui s’avère peut-être la meilleure définition de sa musique nomade rêvant d’embrasser tous les lieux et toutes les cultures du monde en un geste qui serait totalisant sans être totalitaire. Car c’est bien de ça qu’il s’agit : entre errance et enracinement, toute la musique d’Akosh est en quête de territoire – d’un espace à traverser, à habiter, à peupler... Et si l’exil est bien fondateur, c’est dans ce mouvement paradoxal qui exalte, dans la rupture, une appartenance à un terroir, et ouvre simultanément sur l’étendue. Cette tension est au cœur de la musique du saxophoniste, l’objet même de cette longue suite ambitieuse et passionnante, Elettér, « espace vital » en hongrois. Mais qu’on ne s’y trompe pas, le baroquisme esthétique qui résulte de ce paradoxe et met en scène, dans le choc des cultures qui s’embrasent et se métamorphosent au contact les unes des autres, un véritable chaos-monde est à mille lieues du fantasme syncrétique de la world-music.

Si Akosh est en quête d’unité et d’authenticité, c’est en acceptant de s’ouvrir totalement à cette multiplicité, à ce foisonnement, à cette richesse du monde. Son propos est définitivement étranger au mirage occidental et technique d’une accessibilité directe à un monde virtuel réduit à ses icônes marchandes. La musique d’Akosh refuse de simplifier la vie des hommes en signes, de l’abstraire, de la numériser ; sa démarche est inverse : exprimer la présence du monde et ce qu’il en est alors de la présence au monde. D’où cette musique opaque, de matières brutes traversées de flux souterrains, sombre, tourmentée, mystérieuse, épaisse, compacte. D’où cette tension constante et irréductible entre des structures, des mélodies, des rythmes issus d’un terroir, d’une mémoire, d’une culture – Akosh est, à l’instar de ses compatriotes Kodaly et Bartók, tout entier concerné par l’art folklorique d’expression paysanne en ce qu’il offre un lien direct aux origines – et le jazz, cette musique impure et illégitime, fruit des copulations les plus insensées, qui n’appartient en propre à aucun lieu précis, qui est
l’espace même de la déterritorialisation, ancrée par nature dans l’exil – la voix des dépossédés. C’est cette complexité que la musique d’Akosh entend humblement, simplement, incarner.

Stéphane Ollivier 

Source : Les Inrockuptibles n° 186 du 17 au 23 fév

On me dit, quelle merveille - certes un peu bruyante - que cette musique-de-monsieur-S qui ne vient de nulle part ! Sans m'énerver, et plutôt calme face aux attaques biscornues de la Grande Critique Incompétente, je réplique : dans quel recueil de magie noire pilhanesque avez-vous lu ce concept de " musique qui vient de nulle part " ? Tout cela est bien simple, continuai-je, le sourcil à peine levé : le dernier et 3ème opus dudit S, prénommé " Espace de vie ", n'est que le résultat d'une rencontre impromptue entre le dernier Coltrane (Living Space, c'est lui) et Bratsch, la fondation d'un nouvel empire indo-hongrois et (je finirai là-dessus, faute de pouvoir appréhender en une soirée le background du cinglé saxophoniste strident) la somme du travail accompli en commun, et sans le savoir, par un Tom Waits normalement apocalyptique et un free-steel-band de Trinidad. En bref, de la musique pensée par un compositeur qui refuse l'habituel. Afin de préciser cependant les tenants et aboutissants de ce disque que nos services compétents ont trouvé jouissifs, je finirai, comme à l'accoutumé, par une méchanceté. J'ai cru qu'Akosh S. n'était que la réincarnation de Gato Barbieri juste avant qu'il ne signe les jingles de France-Inter... Maintenant je m'en mords les doigts.

P.S. : Rappelons-nous du Hoodoo caché dans le Ciment sous les plaines.

Bertrand Ravalard

 

Ne vous y trompez pas : "Eletter" est un grand disque de jazz, tout comme Bartok était un grand monsieur de la musique contemporaine. Excusez du peu : rarement depuis les envolées free de John Coltrane on avait entendu saxophoniste aussi librement inspiré qu'Akosh Szelevényi...

D'aucuns insisteront sur les influences magyars du bonhomme et de son groupe où se croisent blancs et blacks, hongrois et français, nomades et sédentaires du jazz. Mais entre cuivres et violons, djembe et double basse, trompette et tambourins, le dernier mot appartient à ce jazz d'improvisation qui se défie des frontières et des prétentions au classicisme.

écoutez un extrait d'Eredet

merci à www.virgin.fr