Expérience

C'est la bonne nouvelle du trimestre : Michel Cloup renaît de Diabologum, d'autres choses au bord des lèvres et un besoin d'experimenter vrillé à l'estomac.

 

On se souvient du premier album de Diabologum et des mines preplexes des critiques - ils savaient qu'il y avait quelque chose là-dedans mais ignoraient quoi ou comment en parler. Au moment du décès du groupe, ils regrettaient tous de voir disparaître les alumés en manque de Prozac qui avaient, en trois album, subtilement altéré la face du rock en France. Avec Expérience, groupe à géometrie evolutive, fondé par Michel Cloup, co-créateur de Diabologum, on est préparés.On ne frôle pas le surmenage en cherchant à décrire " Aujourd'hui, Maintenant", album tout en rupture sonores, paroles en formes de chroniques ou de commentaires sur le quotidien et de guitares incisives pour électriser l'ensemble.

En descente de Diabologum, Michel Cloup a traversé une curieuse phase d'adaptation: "Je devenais employé de bureau, j'avais des horaires fixes, seul dans mon local avec mon ordinateur. J'ai fini par vouloir retrouver l'energie qui me manquait. Je préfère les groupes de rock aux artistes solo. C'est une mythologie qui m'attire - les mecs qui partent en concert avec leurs guitares." Ainsi est né Expérience. "J'ai pris le sens anglais du mot, qui signifie apprentissage, l'idée d'observation, d'avancer en évoluant."

Pas vraiment un groupe, plutôt un collectif centré autour de Michel qui se promet de collaborer "avec un maximum de personnes. j'ai fait partie d'un groupe pendant 10 ans. Là, j'ai envie de mener mon projet en ayant des gens qui m'amènent des idées. Les musiciens de cet album - bassiste, batteur et un guitariste - m'ont beaucoup apporté. Je ne les connaissais pas au départ, mes amis ne viennent pas du milieu de la musique."

 

La branlette

Se séparer dans le ras-le-bol et la déprime etait peut-être la fin idéale pour Diabologum. "Il fallait enregistrer une suite au #3, un disque très noir et jusqu'au-boutiste. On était deux à écrire et les envies divergeaient. Arnaud voulait aller plus loin dans la noirceur et moi, je préférais calmer le jeu, être plus nuancé. Je m'ennuyais un peu sur la fin. Je trouvais qu'on tounais en rond, qu'on avait des recettes, que ce renoncelent din de siècle, très à la mode, etait presque une prose." La récupération, la branlette intellectuelle et la transformation de Diabologum en concept ont fini par agacer Michel, pas franchement adepte des hypes fabriquées dans la capitale - dont il rigole depuis Toulouse, sa base. "En concert, l'ambiance devenait religieuse. On nous écoutait comme le messie. Je ne vois pas le rock comme ça : le public doit crier, aller boire des coups au bar, être vivant. Je n'avais pas l'impression de parler à des gens dont j'étais proche. C'est pour cela que j'ai voulu retourner à un style plus direct. En même temps , je n'ai aucun mépris pour les intellos. Je ne prétends pas faire du rock prolétaire. Je veux seulement parler à un peu plus de gens. Je ne renie rien cependant, je suis heureux de ce que j'ai fait avec Diabologum." Mais se voir ranger dans la catégorie abstractions quand on écoute la bonne paroles du Blues Explosion, c'est un comble: "Je viens du rock basique, que j'ai découvert avec les Sex Pistols et les Stooges. j'ai toujours été fasciné par le rock new-yorkais. Sonic Youth ou Jon Spencer l'ont construit à leur manière, chacun à son époque. Ils sont très différents, mais ont cette personnalité en commun. Ils s'approprient un format et le transforment. Ce que j'adore avec eux, c'est qu'ils mélangent physique et réflexion. Cette dimension-là est importante. La musique, ç a se ressent. L'emotion pure, brute, ça compte." On ne passera pas sous silence le premier disque qu'a possédé Michel, "Ca plane pour moi" de Plastic Bertrand. "Mais immédiatement après, j'ai acheté le premier Clash." Fautre avouée, etc...

 

Format Vinyle

Attention à ce qu'on raconte devant Michel Cloup, sous peine de se retrouver un jour (anti)-heros d'une chanson. "Je vole énormement aux autres. Des conversations entre amis, des inconnus, peut-être que je vais noter ce que j'entends dans ce bar. Une phrase peut donner naissance à un morceau." Le principal point commn entre Expérience et Diabologum est cette façon de chanter très parler dont Michel use sans retenue, un style qui colle bien au format recueil de nouvelles de l'album. Le passage sur scène s'est visiblement effectué sans peine. Le concert de Paris à la Boule Noire était complet. "Ces dernières années, en préparant ce disque, j'ai assisté à pas mal de concerts. Et je me suis emmerdés, tant en rock qu'en electro. Je quittais souvent la salle au bout de cinq chansons. Donc, je veux proposer quelque chose de vivant, de l'énergie, du bruit, enfin de quoi prendre et surprendre le public. Je n'ai pas envie d'arriver, de chanter, de terminer le concert et d'aller bouffer. Sur sène, on projette des images réalisées par Woody, le guitariste, qui a tourné des clips pour presque toutes les chansons. Quand je suis seul, elles prennent un peu ma place en attendant de passer à un autre morceau rentre-dedans. Mais je suis resté au format vinyle des disque: "Aujourd'hui, Maintenant" dure quarante minutes. Je n'aime pas les albums ou les shows trop long. Mon meilleur souvenir, c'est Suicide sur scène et ça a duré 20 minutes."

 

Isabelle Chelley - Rock & Folk Juillet 2001

CD "Aujourd'hui, Maintenant" (Lithium / Virgin)