Concert avec les Immigrés

Ce soir à Trappes, Les Têtes raides, Noir Désir, Massilia Sound System

Olivier Bertrand

Lundi 10 decembre 2001

 

Le Gisti. Concert ce soir, à 19 h, à la Merise, centre commercial Merisier, Trappes (78); tél.: 01 30 13 98 50.

Cette fois, l'idée vient des Têtes raides. Les finances du Gisti (Groupe d'information et de soutien des immigrés) étant au plus bas, l'immigration plus guère à la mode et les sans-papiers très rarement à l'affiche, sept groupes ont décidé de renouveler l'opération «Liberté de circulation». Les Têtes raides, mais aussi Noir Désir, Massilia Sound System, Rodolphe Burger, Akosh S. Unit, SO Kalmery ou Souad Massi se retrouvent ce soir à Trappes (Yvelines), pour un nouveau concert de soutien au Gisti. Le premier s'était joué à l'Elysée-Montmartre, en avril 1999.

Quelques musiciens ne sont pas revenus, d'autres apparaissent, «mais on ne pointe pas au Gisti», souligne Grégoire Simon, accordéoniste, saxophoniste, flûtiste, etc., des Têtes raides. «C'est bien qu'on ne voie pas toujours les mêmes», dit Christian Olivier, chanteur du groupe. En 1999, seul Grégoire avait participé. Deux ans plus tard, les Têtes s'investissent totalement. «Pour rappeler qu'on ne quitte pas sa terre, sa famille, sa patrie, pour aller faire le kakou à l'étranger. Quand on s'arrache, c'est pour ne pas crever.»

 
Pas de «charity business». Le groupe a piloté l'opération. «On ne voulait pas que ce soit une charge en plus pour le Gisti, dit Christian Olivier. On a été directif, on leur a demandé de nous laisser faire.» La production du concert permet aussi de mieux contrôler la démarche. En 1999, Grégoire Simon avait eu l'impression de «nager en plein gratin» à l'Elysée Montmartre. «On n'est pas dans le charity business, rappelle-t-il. On veut faire parler du Gisti et lui rapporter du fric. En 1999, certains groupes ne savaient pas pourquoi ils jouaient, d'autres le savaient trop bien: pour se montrer là où il fallait être ou relancer leur carrière.»

Cette fois, les groupes joueront à 25 kilomètres de Paris, à Trappes, mais ce n'est pas un choix. «Compte tenu de l'urgence pour le Gisti, on a trouvé une salle disponible.» Les artistes se prendront en charge: la jauge étant réduite (1 500 places environ), tout dépassement de frais pourrait plomber l'affaire. «De toute façon, c'est pas un gala...»

Les groupes espèrent mettre de côté 150 000 F (22 867,35 euros) pour le Gisti. Outre la première édition de Liberté de circulation, les Têtes raides et Noir Désir ont également joué ensemble (à Bordeaux) pour le Gisti. «On trouve qu'ils travaillent sur l'essentiel, ils font un boulot juridique qui permet de faire évoluer l'application des lois, d'élargir pour ne pas rester sur les cas individuels.» Le Gisti épluche les textes, lance des recours, mais propose aussi conseils, cessions de formation et revues très pointues sur le droit des étrangers. Chaque nouvelle loi, bonne ou mauvaise, rend caduque une partie du travail. Il faut remettre à jour les ouvrages, ce qui coûte cher.

«Humains». Le thème du concert (Liberté de circulation) rappelle que le Gisti se bat pour que les politiques d'immigration européennes ne se fondent plus sur la fermeture des frontières, mais sur une «fluidité des flux». Une option qui convient parfaitement aux Têtes raides: «On aborde la question de l'immigration en fonction des besoins économiques, jamais humains. La question de la fluidité des produits et des capitaux est réglée depuis longtemps, pas celle des hommes..."

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