"666.667 club" 1996 - Barclays
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Que signifie le titre extravagant : "666.667 Club" ? Denis Barthe: "Pendant l'enregistrement, on a déliré sur un ordinateur qu'il y avait ici, dans le studio. En deux mots, c'est un petit module qui permet de relever le tempo des morceaux sur lesquels il n'y a pas de métronome. Tu relèves ça à la main, tu appuies sur une touche pendant que le morceau passe. A la fin, l'ordinateur te donne le tempo. Et bien sûr, nous, comme on est un peu abrutis, on a joué à celui qui allait le plus vite. Bertrand a été le premier à tomber sur 666.667, donc on a un peu déliré sur le chiffre de la bête et sur sa variation avec le 7, qui porte une petite lueur d'espoir." Pourquoi une chanson hommage a Jeffrey lee Pierce, chanteur du défunt Gun Club: Serge: "Jeffrey Lee Pierce, c'est quelqu'un qu'on a beaucoup écouté et qu'on écoute toujours. Sa mort nous a énormément touchés, on n'arrivait pas à y croire. Bertrand a enregistré le morceau dix minutes après avoir appris la nouvelle. C'est juste une pure chanson de blues. Et puis il y a eu cet article dans Libé qui nous a vraiment détruit (infâme article intitulé "Jeffrey Lee Pierce, mort d'un loser..."). C'était aussi en réaction par rapport à ça. On avait vraiment les boules de voir sa disparition traitée de cette manière. En plus, c'est même pas signé... " |
Noir. Ce devait être une épreuve ardue pour groupe en mal de voix. C'est une victoire haut la main. Et haut les mots. Nouvel album de Noir Désir, donc. Cinquième du nom si l'on comptabilise les six titres initiatiques d'Où veux-tu que je r'garde et qu'on laisse de côté le condensé live Dies irae. "Nouvel" album, mais pas tant que ça, finalemetat pourrait souffrir des plus grandes afflictions vocales ce qui n'est heureusement plus le cas que Noir Désir resterait quand même Noir Désir. Même par mauvais temps, le chanteur et parolier peut en effet s'appuyer sur son plus précieux capital, cette paire de loyaux partisans que constituent le percutant Denis Barthe et le guitariste Serge Teyssot-Gay musiciens capables de faire sonner les tempêtes (Comme elle vient, Un Jour en France ou Prayer for a wanker) comme les éclaircies (A ton étoile, A la longue ou Lazy) avec la même acuité. L'arrivée récente d'un nouveau bassiste n'aura que renforcé l'imperturbable solidité de ce noyau dont la plus flatteuse prérogative semble désormais être sa capacité à vaincre la guigne. Toujours debout et pas près d'être à genoux , Cantat relance donc l'histoire de Noir Désir avec des envies de revanche : sur sa voix, déjà, qu'il ne ménage guère sur "666.667 Club". Revanche également contre ses propres mots, trop longtemps muets, à qui il inflige ici une fameuse roustée. C'est donc dans les textes, plus encore que dans les musiques sans véritables surprises, à part peut-être L'Homme pressé et son battement disco, qu'il faudra chercher des motifs d'enthousiasme, l'effervescent rimeur dévoilant en cette fin de siècle qui semble drôlement l'inspirer une manière nouvelle de faire sonner un discours conscient politiquement. "C'est le temps des menaces, on n'a pas le choix pile en face, et aujourd'hui je jure que rien n'se passe." Textes denses, longs, troublés. Sujets inquiets, souvent noirs, mais toujours éveillés. Belles trouvailles lexicales, nues et vêtues à la fois, qui giclent comme des slogans pénétrants. On pense à la langue neuve de Diabologum sans qu'on n'ait jamais à supporter la balourdise d'un discours surpolitisé. Il y a longtemps que Cantat ne chante plus comme un repentant francophone, frustré de ne pouvoir rivaliser avec la concurrence anglo-saxonne. Cette langue de France, il la modèle maintenant selon ses propres règles passant de l'âpreté à la docilité, des mises en garde aux mises à mort, mais toujours avec la même rigueur rythmique. Ce ne sera sans doute pas assez pour débaucher ceux qui s'entêtent à ne voir ici que rudesse et manières d'hommes virils. C'est en tout cas assez pour confirmer aux autres que Noir Désir est devenu bien plus qu'un groupe de rock français : un groupe de rock. Et un fameux avec ça. Emmanuel Tellier - Novembre 1996
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